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La famille Varigard

Qui était Bruno Varigard?

Mardi 6 janvier 1824, jour de l’Epiphanie. Les cloches sonnent à Alleins,  pour célébrer le mariage de Jean François Varigard, jeune laurisien de 24 ans, et Marie Claire Appolonie Deluy, originaire d’Alleins. La France est encore pour quelques mois sous le règne de Louis XVIII.

 

La jeune femme a 28 ans lorsqu’elle met au monde, le 6 février 1825, le petit Antoine Bruno. La famille vit rue de la Baume. Jean François est tisserand de toile, métier alors artisanal. Son éducation, comme pour beaucoup à cette époque, ne lui a pas permis d’apprendre à lire et à écrire, il ne signe pas l’acte de naissance de son fils. Les témoins sont issus de deux familles d’agriculteurs bien présentes sur le village, Louis Aman Mandine et Joseph Balastre.

 

Nous retrouvons Bruno (comme il sera simplement nommé ensuite sur les actes) bien grandi, le jour de son mariage, le 11 octobre 1847. La France vivra dans quelques mois un nouvel épisode révolutionnaire, et la chute de Louis Philippe, dernier roi de France.

Changement de décor, nous sommes désormais dans le Cher, à Lignières.

Le jeune Bruno a 22 ans, il vit dans le petit village de Saint-Florent. Il est appareilleur, il travaille donc déjà dans le domaine qui lui assurera un avenir brillant, la construction, et il a un niveau d’instruction plus élevé que ses parents : il signe d’un geste assuré son acte de mariage.

Mais intéressons-nous un peu à la jeune épouse. Âgée de seulement 17 ans, Marie Célestine Noury est couturière. Son père Jacques est entrepreneur... Nous verrons par la suite que ce détail n’en est pas un dans la future carrière de l’ambitieux Bruno, car il apparaît très vite qu’il devient entrepreneur lui aussi.

 

La nouvelle famille s’installe dans le petit village bérrichon.

Au gré de déménagements dans le Cher, les enfants arrivent : Marius Deluy Jean, en 1849, qui vivra seulement deux petits jours, et Marie en 1850, à Saint-Florent. Suivra en 1852, à Culan, Jacques Célestin Deluy, il porte le prénom de son grand-père maternel, qui a également l’honneur d’être témoin de sa naissance.

Décidément voyageurs, Bruno et sa famille se retrouvent en 1854 plus au sud, dans l’Allier, dans le village de Gannat. C’est ici qu’un triste événement arrive, le décès du petit Jacques, âgé de seulement deux ans…

En 1857, de nouveau à Culan, Célestine donne naissance à un dernier petit garçon, Léon Henri.

 

C’est dans les années qui suivent que nous trouvons des traces professionnelles de Bruno. Il crée successivement, avec ses associés, plusieurs sociétés dans le domaine des travaux publics : Vauthier et Varigard en 1863, Demerson, Mortier et Cie en 1868, A-B Varigard et Cie en 1873, Société Anonyme de Meysse, près Le Teil en 1881. Entrepreneur voyageur et ambitieux, il participe à des travaux d’importance économique capitale dans une France en pleine transformation, entre le Second Empire et l’humiliation de la défaite de 1870 (barrage de Gigny, sur la Saône, travaux pour la Compagnie des Chemins de Fer Paris Lyon Méditerranée…). Il travaille dans toute la France, de l’Ardèche à la Haute-Loire, en passant par Paris. Il apparaît ainsi comme vivant seul au Puy, en 1872, tandis que Célestine est installée aux Costes à Alleins -aujourd'hui  Château de La Coste -, demeurant confortablement avec la famille de sa fille mariée depuis quelques années, ainsi que leurs domestiques.

 

Quelques années plus tard, nous retrouvons Bruno, rentré sur Alleins.

Il assiste en octobre 1884, à Alès (Gard), au mariage de son fils Léon Henri, qui suit les traces de son père en devenant également entrepreneur de travaux publics.

 

Après une carrière professionnelle intense, Bruno a 60 ans, et commence une nouvelle vie, politique cette fois-ci. Il devient maire d’Alleins en 1884, succédant ainsi à Joseph Lunel. De sa signature toujours aussi assurée, il signe les actes des mariages qu’il célèbre, des naissances qu’il a l’honneur d’inscrire au registre, ainsi que des décès qui frappent le village. Toujours aussi actif, il apparaît comme membre de la Société agricole et scientifique de la Haute-Loire en 1886. Les élections de 1892 désignent son successeur, Léon Joseph Agnel.

 

Cette vie intense s’interrompt le jeudi 01 février 1894. Bruno décède chez lui, dans sa propriété des Costes. Il a 69 ans et laisse sa trace dans la petite histoire du village avec une riche carrière d’entrepreneur de travaux publics et un mandat de maire.

Devenue veuve et rentière, Célestine finit par s’installer dans le village, rue Victor Hugo, avec sa domestique. Elle s’éteint à l’âge de 80 ans, le 10 juillet 1910, un an après le terrible tremblement de terre de Provence.

 

Les époux reposent encore de nos jours tous deux au cimetière d’Alleins, dans le tombeau de la famille Varigard.

Laure Révolu

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